Vous souvenez-vous que nous avions consacré l’un de nos articles à l’histoire très originale du bâtiment d’Arte Diem ?
Nous étions remonté jusqu’au Moyen-Âge. À la place du magasin actuel, se tenait à cette époque obscure un édifice religieux : la chapelle Saint-Jacques. Si vous avez manqué la lecture de cet article, il suffit de vous y replonger ici.
Au XVIIIe siècle, il ne reste rien de la chapelle telle qu’on la voit représentée sur les documents d’interprétation de Surel (début XXe siècle).
Ses pierres sont probablement réutilisées dans la construction d’un immeuble qui prendra sa place ; on sait qu’un passage mène à une cour qui s’ouvre sur des logements.
Dans les années 40, au fond de cette cour, l’entreprise de couverture Leroux y a installé ses locaux, tandis qu’un café donne sur la rue.
Ci-contre, une photo probablement prise un peu avant la guerre, on parvient à lire l’enseigne. On ne connaît pas l’identité de la dame qui pose.
La famille Tanguy
Si ce nom est courant dans le Finistère Nord, les Tanguy de la place des Halles (renommée depuis place Allende) sont connus pour leur commerce de meubles. En 1933, Joseph Tanguy loue le local (actuellement occupé par la Banque Populaire de l’Ouest, juste à côté d’Arte Diem, vous visualisez ?) jusqu’en 1939. La guerre s’annonce : il est mobilisé puis fait prisonnier en Allemagne. À son retour en 1945, il reprend son activité et achète les murs. Cinq ans plus tard, il a besoin de s’agrandir, il fait l’acquisition de l’immeuble du café, le fait démolir (l’ensemble XVIIIe est en piteux état, à la limite de la vétusté) et reconstruit un bâtiment moderne et fonctionnel pour développer son commerce et s’agrandir.
Joseph Tanguy pose devant un camion marqué aux couleurs de l’entreprise, stationné juste devant le magasin.
La construction
En creusant pour poser la dalle du nouveau bâtiment, surprise : les ouvriers découvrent des gisants. Le chantier prend du retard, il faut tout ôter en préservant les statues qui seront remises au Musée de Morlaix.
Une fois les travaux achevés, le magasin Tanguy a encore pris de l’ampleur ! Voyez sur cette photographie, il occupe tout l’espace de la banque populaire et de l’assureur (au premier) en plus de celui d’Arte Diem.
La partie neuve est équipée d’un monte-charge, qu’on utilise volontiers pour la marchandise comme pour les clients. Au centre, un grand puits permet d’avoir une vue d’ensemble du magasin, comme c’était le cas aussi à cette époque aux Morlaisiennes (actuel Monoprix).
En 1969, l’heure est à de nouveaux travaux de modernisation : le plancher bois est remplacé par des dalles béton, un ascenseur moderne (pouvant contenir un buffet !) y est installé (il est toujours en place mais on l’a peint en fluo !), le puits est supprimé.
Ci-dessus, une photographie du début des années 70 montre l’ampleur de l’espace commercial du magasin Tanguy, qui prendra bientôt l’enseigne « Tousalon »
(ci dessous, probablement à la fin des années 70).
En 1989, Tanguy construit son grand magasin à Saint-Martin-des-Champs et quitte le centre ville. Le local « années 50 » est loué à France Télécom jusqu’en 2001, occupé ensuite par un commerce de prêt à porter qui laissera peu de traces dans l’histoire du commerce morlaisien.
Au 1er juillet 2007, Arte Diem, jusque-là installé rue d’Aiguillon (à l’emplacement de Kashgar) investit les lieux. C’est le début d’une nouvelle aventure design !
Ci-dessus, les aménagements d’intérieur de France Télécom : on peut voir que l’escalier, dans les années 90, est caché par une cloison, qu’on se fera un plaisir de casser pour ouvrir sur les étages : une invitation à la découverte des espaces mobiliers et luminaires.
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