Il y a dans la vie des moments de partage plus forts que d’autres, qui vous marquent durablement. Notre rencontre avec Coline Colline en fait partie. Cette créatrice a su nous plonger dans son univers graphique, à la lisière des arts appliqués et plastiques. La délicatesse de son travail nous a séduits. Il fera l’objet de notre prochaine exposition dans les murs d’Arte Diem. 

Coline a 33 ans et déjà un brillant parcours derrière elle. Après des études à l’ENS Lyon (École Normale supérieure) puis à l’École du Louvre, elle exerce en tant que Conservatrice du patrimoine au Musée Picasso à Paris, puis au MUCEM à Marseille. Elle s’occupe de la conservation des collections estampes et textiles. Parallèlement, son compagnon lui fait découvrir la beauté des côtes bretonnes et c’est un peu le coup de foudre pour cette jeune femme jusque-là habituée à vivre dans des grandes villes. C’est le temps de la remise en question : Coline a évolué dans l’univers de l’histoire de l’art,  mais elle ressent depuis un moment cette nécessité de passer de l’autre côté, de celui de la création, de la pratique plastique, du dessin. La voici “dessinatrice”, c’est le mot qu’elle emploie pour se décrire.

Une dimension patrimoniale

Coline s’est toujours passionnée pour les cartes géographiques qui constituent à la fois un témoignage historique et un support émotionnel : la carte évoque pour chacun, de manière très personnelle, un moment de vie, un souvenir de voyage ou d’école. On est dans un affectif particulièrement touchant : “Ce rapport entre des contenus purement scientifiques et de l’émotion me plaît particulièrement. Quand on regarde une carte avec une autre personne, il y a un échange immédiat, une sorte de partage d’une histoire personnelle autour d’une histoire commune. J’aime beaucoup ce rapport entre deux domaines qui a priori ne se rejoignent pas. C’est aussi ce qui définit ma vie, mes centres d’intérêt. Je peux dire aujourd’hui que les sciences de l’art et le patrimoine sont tout aussi importants pour moi que le dessin, le geste, la matière, la couleur”.

Un dialogue entre passé et présent

Sur ces cartes imprimées avec un grand soin, Coline dessine de grands animaux marins qui rappellent le bestiaire médiéval et les planches de gravures du XIXe siècle. Avec une encre de Chine noire, parfois teintée de bleu et une pointe très fine, elle exerce son talent de dessinatrice avec ce sens du détail et cette délicatesse que l’on retrouve dans la taille-douce. Ses crustacés et céphalopodes aux traits aussi précis qu’élégants dialoguent avec les côtes escarpées de la Bretagne, les chiffres de positions et les vents dominants : on voyage alors dans un univers poétique, entre patrimoine et modernité, entre passé et présent. 

Des cercles colorés viennent compléter la composition, comme pour rappeler que l’œuvre s’inscrit dans la modernité. De délicats camaïeux de jaunes, de bleus, de verts ou bien encore de rouges translucides, appliqués à l’aquarelle, interagissent avec le papier, apportent une luminosité et une énergie qui révèlent la finesse du dessin. L’œuvre est complète. 

Ces cartes, elle a choisi de les rééditer plutôt que de travailler sur des originaux : sa casquette “patrimoine” l’oblige au plus grand respect des documents historiques qu’elle considère trop précieux pour les modifier : “Il y a des enjeux patrimoniaux dans la conservation de ces cartes qui m’interpellent, je ne me sentais pas légitime à les transformer. Et puis la réédition de ces documents me laisse une plus grande liberté créative, notamment sur le grammage du papier. C’est plus confortable de travailler sur un papier bien épais, dont on peut par ailleurs choisir la texture, que sur une feuille fine et fragile”.

La petite anecdote

Si elle se fait appeler Coline Colline (le premier avec un “l”, le second avec deux “l”, c’est parce que Coline s’amuse de cette petite erreur d’orthographe que bon nombre de personnes ont tendance à faire quand ils écrivent son prénom. Une manière de leur dire qu’elle ne leur en tient pas rigueur, presque un hommage ! 

L’exposition de ce travail exceptionnel débutera le 8 juillet. Pour l’occasion, Coline présentera plusieurs formats. Rendez-vous au vernissage le vendredi 8 juillet à partir de 18h00 chez Arte Diem. Nous serons très heureux de vous y accueillir autour d’un cocktail original concocté spécialement pour l’occasion par Guillaume, le compagnon de Coline.